Boris VILDE nait en Russie en juin 1908.
En 1919, alors que Lénine met en place la « dictature du prolétariat » souhaitée par Marx, Boris Vildé fuit la Russie pour l’Estonie, où il étudie la physique-chimie. Puis, après avoir séjourné en Lettonie et en Allemagne, il arriva en France en 1932. Ne vivant que d’emplois précaires, sa situation économique est alors difficile. Toutefois, à Paris, il prépara un diplôme d’ethnologie et épousa Irène Lot, fille de l’historien Ferdinand Lot, renforçant ainsi ses liens avec le milieu intellectuel parisien. C’est ain par l’intermédiaire de son beau-père que Boris Vildé rencontre Paul Rivet, le directeur du Musée de l’Homme. En 1937, il devient attaché du Musée de l’Homme mais dès le début de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé dans l’artillerie comme brigadier puis maréchal des logis. Fait prisonnier en juin 1940, il s’échappe et, bien que blessé, rejoint Paris en juillet.
Une résistance patriotique
Ce passeport de Boris VILDE montre la dimension internationale de son parcours puisque le document est estonien. Boris VILDE avait pris très à cœur de s’imprégner de la culture des pays dans lesquels il séjournait, notamment par la maîtrise de leurs langues. Au commencement de la guerre, il ne vit en France que depuis une durée limitée (7 ans) et, bien qu’il ait obtenu la nationalité française en 1935, il n’est affilié à aucun parti politique. Pourtant, il vit très mal la défaite de du pays, et dans son Journal de prison, il écrira « Quand j’ai vu les soldats allemands à Paris la première fois après mon retour, c’est une douleur physique aiguë au cœur qui m’a appris combien j’aimais Paris et la France ». On voit bien là l’attachement patriotique de l’ethnologue. C’est le même sentiment ayant survécu au temps, couplé à la volonté d’être un homme libre dont fait part le projet d'enclos du Souvenir" pour le Mont Valérien dans lequel témoigne René ISCHE.
Il est donc déterminé à « faire quelque chose », selon l’expression en vogue à l’époque. Il se réunit donc avec ses collègues du Musée de l’homme pour former un réseau qui en portera le nom. Il en est considéré comme le chef à partir d’octobre 1940 puisque c’est lui qui coordonne les activités du groupe avec celles des autres mouvements.
L’action résistante de B.VILDE
B.VILDE s’occupe de trouver des appuis fiables pour mettre en place deux filières d’évasions permettant - à des prisonniers échappés principalement - de rejoindre la Grande-Bretagne, une passant par l’Espagne, l’autre par la Bretagne. Il s’efforce aussi d’entrer en relation avec des contacts capables de collecter ou de transmettre des informations et lance le journal Résistance, dont il écrit le premier éditorial et il est le seul intermédiaire entre le commité de rédaction et le reste du réseau. Ainsi, l’historien Julien Blanc, dans sa thèse Au commencement de la Résistance. Du côté du musée de l’Homme, 1940-1941, considère que, en plus de gérer le réseau du musée de l’Homme, Boris VILDE est à la tête du « secteur Vildé », qui regroupe plusieurs groupes et qui, tout en étant en relation avec le reste du réseau, est structuré autour de la personne de B.VILDE.
Les activités de coordination et de recrutement qui sont celles de B.VILDE nécessitent des voyages réguliers et, malgré les supplications de ses amis, il rentre a Paris au printemps 1941 où, le 26 mars, il est arrêté par la Gestapo place Pigalle (IXe arr.).
En prison, Boris VILDE rédige Journal de prison qui témoigne de la force de sa curiosité intellectuelle : alors qu’il ne se fait pas de doutes sur l’issue du jugement, il se laisse absorber par la lecture de la poésie et va même jusqu'à entreprendre l'étude du sanscrit peu de temps avant sa mort tandis que ses écrits relatent du détachement qui est le sien vis-à-vis de sa mort prochaine.
Finalement, il est fusillé le 23 février 1942 au Mont-Valérien avec sept autres résistants.
Sources
Au commencement de la Résistance. Du côté du musée de l'Homme 1940-1941: Du côté du Musée de l'Homme 1940-1941 Julien Blanc
Journal de prison, Boris Vildé
"projet d'enclos du Souvenir" pour le Mont Valérien dans lequel témoigne René ISCHE (https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?irId=FRAN_IR_053870&udId=cu00dipuvue-bvwn4tx5xki9&details=true&gotoArchivesNums=false&auSeinIR=true)
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