Réseau du Musée de l'Homme
Epilogue
Résumé
D’abord, les membres du réseau du Musée de l'Homme ont compris la situation de 1940. C'était là la première étape de l'entrée en Résistance, la première scène disions-nous dans l'introduction. Ils ont compris la situation de la France, de ses valeurs, du devenir de l’idéal républicain et humain qui était le leur, à l’image de Paul RIVET qui fait placarder If de KIPLING, avant même que l’armée allemande ne pénètre dans la ville pour la deuxième fois de son histoire. Ils ont aussi compris la précarité des prisonniers évadés ou les difficultés pour rejoindre la France Libre, comme Paul HAUET et Germaine TILLION. Ils ont compris la nécessité psychologique de leur engagement dans la Résistance, comme Agnès HUMBERT. Il ont aussi compris la force des mots et de l’information, comme le groupe des Écrivains. Ils ont compris tout cela avec une rapidité extrême, probablement parce qu’ils étaient suffisamment informés pour saisir pleinement la réalité de 1940, comme Paul RIVET et Germaine TILLION, qui avaient pu voir la réalité du nazisme lors de voyages en Allemagne. C’est le tableau de l'année 1940 qui est dressé dans cette étape, un constat. Et ce constat, même s’il a une dimension collective indéniable, est avant tout individuel, il n’est qu’une interprétation de la situation.
Les membres du réseau ont aussi refusé ce qu’on leur imposait. Ils ont refusé de se soumettre, de voir la patrie plier, ses valeurs et ses principes bafoués par un occupant étranger. Ils ont dit « non ». Cette étape est celle où des individus ayant comme point commun la volonté de refuser s'agrègent pour unir leurs forces. Ils ont décidé de ne pas abandonner le combat, de défendre ce qui leur est cher et de se battre ensemble en formant des groupes. Ce phénomène apparaît aux quatre coins de la France mais c’est encore une fois avec une rapidité étonnante qu’il a lieu au Musée de l’Homme et pour les groupes qui y seront petit-à-petit liés. Ainsi, à peine Paris occupé, Yvonne ODDON, Anatole LEWITSKY et Boris VILDE, se réunissent déjà pour « faire quelque chose ». Quelques jours plus tard, Paul HAUET et Maurice DUTHEIL DE LA ROCHERE se retrouvent à l’occasion du dynamitage de la statue du général MANGIN; début juillet, des hommes et des femmes de lettres se réunissent et forment l’association des ‘Amis d’Alain FOURNIER’. Ils ont alors décidé d’agir.
Enfin vient l’étape de l’entrée en Résistance. On se met d’accord sur ce qui va suivre, les modalités choisies pour résister. Pour certains, il s’agit d’abord de rédiger, d’imprimer et de distribuer des tracts, pour d’autres, il faut venir en aide aux prisonniers, aux soldats coloniaux, pour d’autres encore, il faut recruter de nouveaux collaborateurs, mettre sur pieds un réseau efficace. Sous l’impulsion de Boris VILDE et de ses collaborateurs, des liens se créent ainsi entre le groupe du Musée de l’Homme et d’autres embryons de résistants. Grâce à la collaboration entre ces groupes, on transmet des informations aux Alliés, on sauve des prisonniers, on informe la population, etc.
Comprendre, refuser, résister, trois infinitifs ici synonymes d'actions comme autant de scènes communes à la formation de la Résistance mais dont l'interprétation par le réseau du Musée de l'Homme dévoile ses particularités.
Conclusion
Au terme de notre étude, nous pouvons désormais distinguer plusieurs éléments qui font du réseau du Musée de l’Homme une organisation pionnière de la Résistance. D’abord, la précocité de sa formation puisque, à peine Paris est-il occupé, les premiers membres du groupe se réunissent déjà au palais Chaillot et en province. Deuxièmement, son ampleur géographique : malgré sa présence forte en région parisienne, le réseau compte des antennes importantes tant dans le Nord-Est qu’en Bretagne et dans la Zone libre et permet de rallier l’Angleterre mais aussi l’Espagne. Troisièmement, les actions du réseau dessinent la nature de la Résistance de la première heure : sauver des prisonniers, informer les Alliés ou encore distribuer des tracts. Quatrièmement et c’est là sa caractéristique si particulière, le Réseau du Musée de l’Homme constitue une première tentative d’unification de la Résistance, de coordination de ses actions à une large échelle et avec un groupe centralisateur et organisateur, à l’image de ce que sera CNR à partir de 1943. Enfin, ce qui est sans doute le plus marquant dans ce réseau, ce sont les personnalités hors du commun, la diversité de leurs profils, la force de leur l’engagement, leur courage et leur lucidité. Ce sont eux, ces hommes et ces femmes engagé de la première heure, au comportement exemplaire et encore aujourd'hui glorifié, en donnant sa majuscule, ô combien méritée, à la Résistance.
Avis du groupe
Nous avons pris un grand plaisir à participer à cette édition du CNRD. En effet, le sujet que nous avons choisi a permis à chacun de s’épanouir pleinement dans ses recherches, en découvrant des personnalités extraordinaires, des actions de la Résistance jusqu’alors inconnues, des documents (et notamment des témoignages) tout à fait frappants et un exemple remarquable de coopération entre différents groupes. Le CNRD a donc été l’occasion de nous pencher sur un sujet historique particulièrement intéressant et ce, dans un cadre différent du cours d’histoire, et par conséquent, avec une approche plus ludique que nous avons beaucoup appréciée.
Par ailleurs, sur un aspect plus méthodologique, nous avions beaucoup appris de notre participation au CNRD en 2018-2019 et avons mis cette expérience au profit d’une meilleure efficacité et d’un contenu mieux organisé. Ainsi, l’utilisation d’un mur collaboratif sur la toile lors de nos recherches nous a permis d’avoir accès à nos travaux aisément et à distance, ce qui s’est révélé particulièrement utile avec le confinement. Nous avons aussi maximisé les synergies en partageant avec nos camarades du contenu pouvant leur être utile.
Nous avons toutefois rencontré plusieurs difficultés majeures. D’abord, la complexité du réseau du musée de l’Homme et son organisation font que les élèves de Terminale aux connaissances réelles mais générales sur la Résistance que nous sommes ont eu du mal à bien cerner les différents groupes, secteurs et activités du réseau. C’est pourquoi nous avons voulu proposer un format final didactique et qui permette de rentrer petit-à-petit dans le détail du réseau. D’autre part, si nous avons tenté de nous appuyer un maximum sur des sources primaires, la difficulté liées à l’accès aux archives (classification ésotérique, certains documents ne sont pas numérisés, d’autres sont consultables uniquement sur des postes informatiques situés trop loin de chez nous, etc.) et aux ouvrages spécialisés difficultés pour les consulter et coût trop élevé pour les acheter) a été un réel problème. Enfin, la mise en page a été laborieuse, nous avons dû apprendre à manipuler des outils informatiques jusqu'alors inconnus et complexes, mais nous sommes malgré tout fiers du résultat !
Avis individuels
A titre personnel, j’ai vraiment apprécié de m’investir dans ce projet puisqu'il permet d’aborder l’histoire sous un angle différent de celui sous lequel nous l’étudions habituellement. Aussi, le fait de pouvoir choisir son sujet est très motivant, d’autant plus que le thème de CNRD m’inspirait beaucoup cette année. D'ordinaire peu friand des travaux collectifs, le CNRD m'a permis de me réconcilier avec ces derniers puisque les différents membres du groupe se sont tous investis à la mesure de leur motivation, permettant à chacun de s'épanouir dans son travail et instaurant une relation de confiance entre nous idéale à la production d'un travail de qualité. En prenant en charge certaines biographies, j’ai été profondément touché par la personnalité, le courage, la détermination et la force des valeurs des membres du réseau du Musée de l’Homme et me fais un devoir d’honorer leur mémoire à travers ce travail. Il a aussi été très intéressant de découvrir à quel point l’engagement de chacun des résistants est lié à sa situation personnelle et que si l’on a tendance à considérer la Résistance comme un tout, elle est en réalité propre à chaque groupe, à chaque individu. J’ai aussi été tout à fait impressionné par la volonté de Boris VILDE de relier une multitude de groupes et sa mise en œuvre, signes d'un pragmatisme remarquable. J'ai bien rencontré quelques menues difficultés au niveau du contenu à proprement parlé (surtout par rapport à la grande complexité du réseau, l'absence d'organisation hiérarchique ou encore des informations contradictoires) mais aussi en lien avec la prise en main des outils informatiques ou avec à la recherche d’images. Mais au-delà de ces accrocs négligeables, je garderai de ma participation au CNRD le souvenir d’une expérience des plus enrichissantes.
Me concernant, je me dois d'avouer que lorsque notre professeur d'histoire nous a annoncé que l'on participerait au CNRD pour la deuxième année consécutive, je n'ai pas été très emballée et ce pour la raison principale que tout travail concernant la seconde Guerre Mondiale (ainsi que la Première) m'intéresse assez peu. Pourquoi mon positionnement est-il si radical ? Simplement parce que j'ai l'impression que l'on nous rabâche ce même sujet depuis l'école primaire et que cela n'en finira jamais, ce qui, à la longue me paraît assez redondant et favorise mon inintérêt. Aussi, dès le début, j'ai été convaincue que ce sujet ne ferait certainement pas naître en moi une soudaine passion pour la seconde Guerre Mondiale et la Résistance. Mais alors que j'écris cet avis, je dois reconnaitre que ce travail m'a beaucoup apporté, autant culturellement qu'humainement. Il m'a notamment permis de m'intéresser de beaucoup plus près à cette période, à son contexte, à l'importance des actions des résistants et des risques qu'ils prenaient en agissant comme ils le faisaient, cela m'a ouvert les yeux sur cette période importante de notre histoire. De plus, mes camardes ont su fournir un travail que je trouve admirable, c'est ce qui m'a motivée à faire de même et à vivement me concentrer sur les recherches que j'ai eu à faire ainsi que le sérieux que j'ai appliqué dans mon travail. Enfin, étant volontairement en charge de la création du site, cela a été un réel enjeu pour moi car c'était une première. Il a donc fallu que j'assimile son fonctionnement, l'explique à mes camarades afin qu'ils puissent y publier leur travail et que je l'adapte à nos attentes, mais je peux affirmer que, même s'il n'est pas sans défauts, je suis très fière du résultat final.
Pour ma part, connaissant l'intensité avec laquelle il faut s'investir dans ce projet, je suis resté perplexe quant à la décision de notre professeur d'histoire au vue des examens que nous allions rencontrer cette année. Mais aujourd'hui je dois avouer qu'encore une fois, ce travail a été une vraie source d'enrichissement personnel. Je suis particulièrement sensible face aux comportements héroïques et honorables qu'ont pu avoir les résistants dans cette période de terreur et de répression. Ce travail m'a conforté dans ma vision sur la Résistance : une organisation hors du commun et presque sans faille malgré la distance entre les individus et la nécessité de discrétion. Le fait de nous être concentrés sur ce réseau en particulier a permis une approche vraiment différente de celle des cours, plus traditionnelle, et surtout de découvrir une organisation pionnière dans le milieu de la Résistance. Ce réseau m'a beaucoup impressionné dans la diversité de ses activités, qui multiplient les risques, mais aussi dans la précocité du réseau qui a fait preuve d'une compréhension de la situation et d'une organisation remarquables. Enfin, je suis fier de l’aboutissement de ce travail collectif, puisque, malgré les embûches, nous avons sur résister et le faire aboutir !