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Elodie

Agnès HUMBERT

Dernière mise à jour : 3 juin 2020



Agnès Humbert est née le 10 octobre 1896 à Dieppe. Peintre, historienne de l’art et philosophe, fille de politicien et femme d’artiste, elle suit de brillantes études dans l’Art à Paris.

 

Une intellectuelle profondément engagée


Elle est surtout connue pour son engagement intellectuel précoce et intense. Ainsi, les archives nationales nous font part d’un de ses témoignages, recueilli par Odette Merlat en décembre 1945.



On y comprend la force de l’engagement d’Agnès HUMBERT qui avait déjà participé à la rédaction d’une revue communiste avant la guerre et avait été membre de plusieurs associations. La première dont il est fait allusion dans le témoignage est « la revue COMMUNE, organe de l’A.E.A.R (Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires) », regroupant des intellectuels très en lien avec le pouvoir soviétique et créée en 1932. Or, cette association, à travers son directeur Paul VAILLANT-COUTURIER exprimait dès l’automne 1933 sa position face au nazisme dans une brochure on ne peut plus explicite intitulée : « Ceux qui ont choisi. Contre le fascisme en Allemagne. Contre l'impérialisme français ». La deuxième phrase est particulièrement révélatrice de l’opposition précoce d’Agnès HUMBERT à ce qu’Hannah ARRENDT qualifiera dans Les origines du totalitarisme (1951) de « totalitarisme nazi », opposition qui se manifeste par les associations auxquelles elle participe mais aussi par ses relations avec des intellectuels eux aussi engagés. Ce militantisme est de nouveau souligné par la mention, dans le témoignage, d’une deuxième association d’orientation socialiste (sociale-démocrate cette fois), l’Union des Intellectuels Français. Cette association, créée à la suite des accords de Munich de septembre 1938 qui accordent la région des Sudètes à l’Allemagne nazie, entend lutter contre le pacifisme considéré comme aveugle des vainqueurs de la Première Guerre mondiale. Or, elle est une émanation du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifasciste créé par Paul RIVET, le directeur du musée de l’Homme (ou Musée d’ethnographie du Trocadéro au moment de la création du comité). On voit bien là la confirmation de la position politique prise par Agnès Humbert au début des années 1930 mais aussi les premiers liens tissés avec les intellectuels de gauche engagés contre le nazisme, ceux-là même qui formèrent le noyau du vaste réseau du Musée de l’Homme.

 

Sa place majeure au musée de l’Homme


Les évènements de juillet 1940 font qu’elle est de retour à Paris à la fin du mois. Aussitôt, elle cherche à « faire quelque chose ». Après s’être approchée de connaissances dont le penchant collaborationniste l’atterre, elle se tourne vers Jean CASSOU et participe à la première réunion des Amis d’Alain FOURNIER. Par l’entremise de Paul RIVET, qui la connaît de par ses travaux de muséologie au Musée des Arts et Traditions Populaires, situé dans l’autre aile du palais Chaillot, elle est mise en contact avec Boris VILDE. Selon Anne HONEGUIS, elle devient alors « la secrétaire », la « première parmi ses conseillers [de Boris VILDE] » jouant un rôle d’intermédiaire entre le groupe des écrivains et le reste du réseau, et particulièrement, avec B. VILDE. Elle prend une part active à la conception et à la fabrication du journal Résistance en tapant les articles, en composant les numéros, en portant les exemplaires et en assurant les envois. Elle assure aussi un rôle de recruteur pour le réseau, se définissant elle-même comme « un chien de chasse rapportant du gibier à son maître ». C’est elle par exemple qui fait entrer Pierre BROSSOLETTE dans la rédaction du journal. En novembre 1940, elle accepte aussi d’héberger un évadé en transit pour Londres, comme beaucoup des membres du réseau l’ont fait à différents moments. Au printemps 1941, alors que les arrestations se multiplient et que CASSOU, ABRAHAM et AVELINE s'apprêtent à quitter Paris pour la zone libre, elle assure, au milieu de la tourmente, la poursuite de la publication du journal. Mais elle est arrêtée quelques semaines plus tard.


 

Postérité


En plus de ses travaux universitaires, elle est particulièrement connue pour son rôle important dans la Résistance de la première heure et son ouvrage Notre guerre: souvenirs de résistance constitue un témoignage majeur de cette période. Il traite aussi de sa longue expérience carcérale (elle n’est libérée qu’à la fin de la guerre).



 

Sources


Des savants dans la Résistance: Boris Vildé et le réseau du Musée de l'Homme, d'Anne Hogenhuis

Notre guerre: souvenirs de résistance, Agnès Humbert


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