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Elodie

Le secteur Hauet-Tillion

Dernière mise à jour : 3 juin 2020



La constitution d’un premier groupe


Le groupe naît par hasard, de la rencontre de trois individus disposant d’une volonté commune de résister et d’une connaissance des questions coloniales, deux du fait de leurs postes dans l’armée coloniale, une de par sa formation d’ethnologue et ses recherches récentes sur les communautés berbères. Le 27 juin 1940, HAUET se rend sur les décombres de la statue du général MANGIN, grand chef de la première guerre, que les Allemands viennent de faire sauter ; il y retrouve son vieux camarade de Polytechnique, le colonel Maurice DUTHEIL de La ROCHERE. Au même moment, il fait aussi la rencontre de Germaine TILLION, ethnologue qui, rentrant tout juste d'Algérie, a entendu parler de lui et souhaite le rencontrer. De concert, ils reprennent en main une association moribonde, l'UNCC (Union nationale des combattants coloniaux) qu'ils installent rue Breguet. Le duo dominant du groupe est bien celui formé par HAUET-TILLION, bien que Maurice DUTHEIL de la ROCHERE ait été en lien avec eux dès le début. Mais ce dernier prend la tête d’un autre réseau centré autour du groupe La Vérité française, qui se raccroche aussi au Musée de l’Homme mais a une activité différente de l’UNCC, si bien que Germaine TILLION concéda ne l’avoir vu qu’une seule fois et qu’on distingue couramment leurs secteurs .



 

L'action du secteur


C’est ainsi sous le couvert d’une vieille association qu’ils réactivent que les activités du groupe spécialisé dans l’évasion de prisonniers prirent place. Dans un témoignage recueilli par Édouard PERROY, Germaine TILLION insiste sur le caractère spontané et nécessaire de l’entreprise :

En effet, avant même que l’armistice soit signée, des prisonniers s’étaient évadés des camps et il était impératif qu’ils disposent de papiers, de vêtements civils, d’un logement et, si possible, de contacts leur permettant de rejoindre la zone libre voire directement l’Angleterre. C’est ce dernier point que s’efforcèrent de développer HAUET et surtout G. TILLION, chargée du recrutement. Elle se révèle particulièrement efficace puisque le groupe grossit sans cesse, établissant des contacts surs aux environs de chaque camps de prisonniers. Dans le témoignage recueilli par E. PERROY, on peut lire:

Ces lignes soulignent le fait que Germaine TILLION recrute principalement dans son cercle de connaissances et dans son milieu. En fait, cette particularité peut être étendue à l’ensemble du vaste Réseau du Musée de l’Homme constitué majoritairement (mais pas exclusivement) de notables ou d’intellectuels parisiens et, dans un moindre mesure, de province. C’est ce que prouvent notamment les témoignages de Claude AVELINE, recueillis par Odette MERLAT et Marie GRANET, et la correspondance de C. AVELINE avec Henri MICHEL où l’on « insiste sur le fait que ce groupe [le Réseau du Musée de l’Homme] était essentiellement composé d’intellectuels ». En multipliant ses contacts, le secteur UNCC regroupe bientôt différents noyaux qui fleurissent à Paris et en province, créant de cette manière un pôle d'attraction caractéristique de la première Résistance en zone occupée.


Dans son ouvrage Les Musulmans algériens dans l’armée française, Belkacem RECHAM évalue à 68 500 le nombre de prisonniers de guerre provenant de l’ensemble des colonies. Le témoignage de Pierrette GRISEL, recueilli par Mme GAUDELETTE est un indicateur tout à fait intéressant de la manière de procéder de l’UNCC.

Ainsi, P. GRISEL est-elle l’une des nombreuses marraines que l’UNCC met en relation avec des prisonniers de guerre avec lesquelles elles noue des liens privilégiés tout en servant la contre-propagande. Dans un second temps, elles sont chargées d’organiser l’évasion des prisonniers dont elles s’occupent.


Ainsi, officiellement, l’association se contente d’envoyer des paquets et des lettres aux prisonniers coloniaux français incarcérés dans des camps en France et en Allemagne. En réalité, elle organise leur évasion en leur fournissant vêtements civils, faux-papiers et en rendant possible leur passage en zone libre. La couverture semble être particulièrement efficace puisqu’à la fin de l’année 1940, L’UNCC est officiellement chargée par le Comité national d’assistance aux prisonniers de guerre de rendre visite, dans les hôpitaux et les camps, aux prisonniers venant d’Afrique du Nord, d’Indochine, de Madagascar, de la Réunion, etc.

 

La collaboration avec le musée de l’Homme


C’est à l’automne 1940, après que les deux militaires et polytechniciens Maurice DUTHEIL de la ROCHERE et Paul HAUET se soient rencontrés, que se met en place la collaboration entre l’UNCC et le reste du Réseau du Musée de l’Homme. Leur collaboration est vive et étroite et s’effectue principalement par le duo Germaine TILLION – Yvette ODDON. Ainsi, cette dernière transmet des adresses de membres du secteur Vildé à G. TILLION pour permettre l’hébergement de prisonniers en direction de l’Angleterre à Paris et de multiples informations recueillies par les différents secteurs du Réseau du Musée de l’ Homme.

Les liens entre le secteur HAUET-TILLION et le Réseau du Musée de l’Homme relevaient principalement de la transmission d’informations mais ne concernaient que rarement l’évasion de prisonniers, les secteurs fonctionnant ainsi séparément (la même organisation s’observe vis-à-vis de La Vérité française).


 

Sources






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