L'ampleur
géographique du réseau
Très tôt, le réseau se fait de multiples contacts ce qui lui permet par la suite de mener plusieurs actions dans différentes régions françaises (dans le Nord et la Bretagne notamment) mais aussi avec l'extérieur du territoire métropolitain. Ainsi, le réseau met en place deux filières d'évasion vers l'Angleterre, l'une par l'Espagne avec de nombreux relais à Perpignan, Toulouse ou encore Bordeaux, l'autre par la Bretagne, avec des contacts que Boris Vildé commence à établir en septembre 1940 et qui s'étendent pour former le "groupe de Bretagne". Ces chemins sont d'abord empruntés par des prisonniers de guerre, des aviateurs ayant survécu au crash de leur appareil, etc. puis, avec le temps et la présence affirmée des troupes allemandes dans la zone occupée, par tous ceux qui se sentent menacés ou veulent rejoindre Londres pour résister. Le réseau du Musée de l'Homme a donc une capacité d'action étendue sur un territoire plutôt vaste contrairement à d'autres réseaux qui interviennent à une échelle très locale. Cette ampleur géographique et le nombre important de personnes à faire évader nécessite beaucoup de passeurs et une organisation discrète et bien huilée que seul le réseau du Musée de l'Homme est en mesure de faire fonctionner à cette époque. On remarque toutefois que de manière plus générale et malgré les différents contacts établis partout en France, le théâtre d'intervention du réseau demeure principalement la zone occupée, et surtout la région parisienne.
Les publications
clandestines
Dans l'émission Le cours de l'histoire d (France Culture), le professeur d'histoire Laurent Douzou met en avant quatre étapes dans l'action informative de la Résistance. La première est d'inscrire des messages sur les murs, à la craie le plus souvent. Mais face à leur caractère éphemère (elles sont effacées par la pluie, par la police ou par les habitants eux-même), les résistants de la première heure dont de "papillons" (petits bouts de papier que l'on colle), ce qui nécessite une certaine organisation puisqu'il faut trouver du matériel (pot de colle, pinceaux, papier) et faire en sorte que des camarades surveillent la rue pour avertir celui qui colle les papillons de l'arrivée éventuelle de policiers. Les plus célèbres sont sans doute ceux du mouvement Valmy, fondé par la professeur de lycée parisien Raymond Burgard et le message symptomatique « Vive la République, quand même ». La troisième étape est celle des tracts, qui requièrent une logistique plus importante, sont l'occasion de réunir plusieurs résistants pour discuter du contenu, voire élaborer une feuille de route. Enfin,le processus aboutit avec la création d'un journal, plus complet, plus efficace aussi.
Pour ce qui est du réseau du Musée de l’Homme, il distribue dès août 1940 de nombreux tracts dans lesquels on trouve de la presse étrangère provenant de l'ambassade américaine ainsi que des nouvelles de la BBC. Le réseau se charge aussi de placarder des affiches. Le réseau fabrique aussi deux "feuilles clandestines' : Résistance et La Vérité française. Ainsi, en octobre 1940, Boris Vildé reproduit un discours du président américain Franklin Delano Roosevelt Le premier numéro paraît le 15 décembre 1940, et s'en suivent 4 autres qui ont une portée non négligeable sur les lecteurs, composés de Français qui refusent de se soumettre. On peut considérer que Résistance a trois objectifs principaux: inciter les gens à joindre le Réseau du Musée de l'Homme (ou à créer leur propre groupe) et informer la population pour qu'elle se rende compte de la réalité de la situation en France. De même, en décembre 1940, paraît un autre journal, La Vérité Française qui lutte lui aussi clandestinement contre l'Occupation.On peut être surpris de l'existence de plusieurs journaux au sein d'un même réseau mais chacun d'eux est le moyen d'expression de secteurs bien distincts. Résistance est celui du secteur Vildé; La Vérité Française. Au sein du vaste réseau du Musée de l'Homme, chaque secteur est indépendant, fonctionne de manière presque autonome, bien qu'ils soient tous en contact et bénéficient de synergies. Ils ont aussi des actions différentes (par exemple, le secteur Hauet-Tillion s'occupe quasi exclusivement de l'évasion de prisonniers), et un positionnement politique et idéologique assez éloigné (le secteur La Rochère étant plutôt de droite, voire d'extrême droite).
En appliquant un raisonnement déductif, on constate rapidement que le Réseau du Musée de l’Homme a sauté les deux premières étapes décrites par Laurent Douzou (inscription de messages à la craie et fabrication de papillons) pour faire paraître un des premiers journaux clandestins de la Résistance. Du reste, il ne démarque pas vraiment d’autres réseaux pour ce qui est du temps lié à la parution du journal, puisqu’il fait face aux difficultés rencontrées par tous les aspirants journalistes.
Le renseignement
Ils seront aussi très actifs dans le Renseignement par le biais de missions de renseignement, tant pour la France Libre que pour les Alliés. La nature des renseignements transmis est très diverse. En 1940, il peut s’agir de décisions du gouvernement ou de l’Occupant, de l’état d’esprit de la population, de l’emplacement de troupes allemandes, des camps de prisonniers, voire même, de plans des infrastructures militaires comme nous allons le voir. La destination finale des informations collectées est Londres, le plus souvent. Mais joindre la capitale britannique est extrêmement compliqué lors de l’Occupation. Aussi, le réseau du Musée de l’Homme joue un rôle clef dans la dans la transmission des informations à Londres puisqu’il dispose de différents canaux (principalement celui de l’ambassade américaine). Ce sont « les radios » qui font parvenir les renseignements au Musée de l’Homme en utilisant des émetteurs-récepteurs, qui permettent d’envoyer des messages en code Morse. « le radio », qui utilise cet appareil, occupe un poste des plus risqués puisque la Gestapo fait rapidement circuler des véhicules à goniomètres qui détectent les ondes des émetteurs-récepteurs. Mais « le radio » n’est pas le premier maillon de la chaîne du renseignement. Qui est donc l’homme (ou la femme) qui récolte l’information ? Comment opère-il ? Nous allons étudier le rôle de l’informateur à travers l’action de René-Yves Cresson.
René-Yves Cresson
et les plans du garage sous-marin de Saint-Nazaire
René-Yves Cresson est un des premiers membres du réseau, il établit le contact entre Jubineau et Vildé. Il est aussi chargé de nouer des liens avec la Bretagne. Ainsi, il rencontre plusieurs noyaux de résistance et recueille des informations précieuses et particulièrement sur le garage sous-marin de Saint-Nazaire nouvellement construit à Dreux. Cette opération d’importance montre bien l’étendue et la force du Musée de l’Homme, qui centralisait une bonne partie de la Résistance. Le carnet d’activité de R.Y.Cresson dont un extrait est présenté ici nous informe particulièrement bien sur ce que pouvaient être les renseignements militaires transmis par la Résistance intérieure aux Alliés.
En effet, ses amis, dont G. Héricault, font des plans et des cartes du site et découvrent un sas particulièrement vulnérable aux éventuels bombardements anglais. La précision de la description établie et les détails utiles mentionnés montrent la détermination des résistants à fournir une information de qualité ainsi que le travail considérable et risqué de ceux qui récoltent ces informations. Les notes des dossiers de la légion d’honneur concernant Daniel Héricault confirment les informations du carnet d’Yves Cresson. Il souligne aussi le fait que l’acte valeureux de celui qui participe au renseignement est valorisé par la République au sortir de la guerre.
Le groupe dont il est question dans le document ci-joint et qui semble structuré autour de D. Héricault se sert aussi de l’intermédiaire du réseau de l’Homme pour que ses informations soient transmises à Londres ou à l’ambassade américaine.
Sources:
Emission 'le Cours de l'histoire', interview de L.Douzou: https://www.franceculture.fr/emissions/le-cours-de-lhistoire/resistance-mais-ou-sont-passes-les-jours-heureux-1940-1943-unir-la-lutte
Carnet d’activité d’Yves Cresson : https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?irId=FRAN_IR_053870&udId=cu00dipvlb2-xmhcir59zwj&details=true&gotoArchivesNums=false&auSeinIR=true
note des dossiers de la légion d’honneur sur D.Héricault : http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=73978)
https://www.histoire-immigration.fr/collections/le-reseau-du-musee-de-l-homme-anatole-lewitsky http://www.museedelhomme.fr/fr/musee/histoire-musee/reseau-resistance-musee-lhomme-3721
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