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Elodie

Le journal 'Résistance'

Dernière mise à jour : 22 mai 2020

Le journal Résistance est le moyen d’expression du réseau du Musée de l’Homme. Il est rédigé par le groupe des Écrivains, qui compose trois des quatre pages du journal. Le journal sert à la fois au recrutement (il est le signe visible de l’existence d’un mouvement de résistance que tous sont invités à rejoindre), à la contre propagande (on y fait l’éloge de la France libre et du général de Gaulle notamment) mais aussi pour informer la population. Le réseau du musée de l’Homme publie 5 numéros de Résistance entre le 15 décembre 1940 et le 5 mars 1941, le dernier, parut après la vague d’arrestation du printemps 1941, étant entièrement rédigé par Pierre Brossolette. Si ce chiffre peut sembler bien dérisoire, il faut bien prendre en compte les difficultés qu’une poignée d’individus brûlant d’agir peuvent rencontrer pour publier un journal, aussi modeste soit-il, entre 1940 et 1941.


 

Les difficultés  de

la publication d'un journal

La première de ces difficultés est d’ordre matériel puisque, en zone occupée, le commandement militaire allemand distribue lui même le papier, l’argent ou les outils d’impression nécessaires à l’impression. Mais, par le vaste réseau de contacts dont il dispose, le réseau du musée de l’Homme parvient à outrepasser ces difficultés en utilisant, par exemple, la ronéo du musée et en obtenant du papier auprès d’instituteurs ou d’institutrices du réseau. L’impression du journal elle même est difficile puisqu’elle nécessite de faire tourner des machines bruyantes pendant longtemps. Or, dans un climat de délation, tout bruit était suspect. Aussi l’aide de Daniel Héricault est-elle particulièrement bienvenue puisqu’il permet d’imprimer le deuxième numéro dans les hangars de l’Aéro-club d’Aubervilliers, loin de tout zélé indiscret.

Deuxièmement, il est très compliqué de trouver de l’information. En effet, au début de l’Occupation, les autorités ont la mainmise sur sa circulation et les journaux officiels ou assimilés comme tels dissimulent de nombreux faits importants. Grâce au groupe de l’ambassade américaine (voir la publication sur le secteur Vildé), la rédaction du journal dispose, elle, d’informations vérifiées sur l’évolution des combats dans le reste de l’Europe, le positionnement des États-Unis vis-à-vis de la guerre ou encore de la situation en Grande-Bretagne.

Enfin, la troisième difficulté réside en ce que la distribution de journaux est extrêmement compliquée. Ainsi, le réseau établit plusieurs stratégies pour limiter les risques. Ils élaborent savamment une liste de 400 contacts, des connaissances fiables des membres du réseau habitant vers Paris, à qui ils envoient le journal. Ils ciblent surtout ceux qui sont le plus susceptibles de le reproduire eux même et de le partager autant que possible pour que le journal ait une audience maximale. Par ailleurs, comme le font d’autres groupes, ils laissent aussi des journaux sur des bancs publics, dans les transports en commun, etc. mais la discrétion est alors une précaution nécessaire.

Aussi, la parution du premier numéro en décembre 1940, est le signe qu’un certain niveau d’organisation, de mobilisation voire de maturité a été atteint par le réseau du musée de l’Homme.

 

Un exemple de

texte de contre-propagande

Un des outils majeurs des publications de la Résistance est le recours à la contre-propagande. L'humour y tient une place particulièrement importantes et la parodie de textes religieux souvent présente dans les publications clandestines de l’époque, à l’image des déformations du « notre Père » où de Gaulle remplace Dieu. Le troisième numéro de Résistance, paru en janvier 1940 mais faisant référence à la fête de Noël, en est une illustration. Il comporte le passage suivant :


« NOËL 1940 Cette année pas de joyeux Noël. La Sainte Vierge et le petit Jésus sont en pays « occupé », Saint-Joseph dans un camp de prisonniers en Allemagne. L’étable a été réquisitionnée, Les Anges ont été descendus par la DCA, [...] Les Rois Mages sont en Angleterre, La vache est à Berlin et l’âne est à Rome. »

Pour comprendre pleinement le sens de ce passage, il est nécessaire d’étudier de quelle manière la symbolique religieuse a été détournée pour railler l’Occupation. Nous allons le faire de manière linéaire. D’abord, il est fait allusion au « joyeux Noël », l’adjectif épithète soulignant le caractère festif des fins d’année normales. Mais le Noël 1940 n’est pas joyeux, c’est ce que démontre tout le texte à travers la parodie de la naissance de Jésus. D’abord, les deux premières lignes montrent le malheur que ressentent les Français en voyant leur patrie occupée et leurs soldats prisonniers. Normalement, la Sainte Vierge donne naissance à son fils entouré de son mari ; en 1940, ce n’aurait pas été le cas, Saint-Joseph ayant été fait prisonnier, à l’image de millions d’autres soldats. Jésus naît donc sans son père. Puis il est fait allusion aux complications matérielles qu’engendre l’Occupation, à savoir, la réquisition de certains bâtiments. L’utilisation de l’image de l’étable, abris des vaches, lieu de la traite et refuge tempéré trouvé par les parents du Christ peut aussi être interprétée comme une critique de l’Occupant (la métaphore moqueuse de la vache pour désigner les Allemands est reprise à la fin du texte, et ce sont eux qui utilisent l’étable, à la place des vaches en tant normal) et du rationnement : le paysan dépossédé de son étable, comme la France pillée de ses ressources, n’est plus en mesure de nourrir et de chauffer correctement sa famille, ses enfants (sa population). Ensuite, il est question des Anges, dont on sait qu’ils ont un rôle important dans la naissance de Jésus puisque c’est un d’entre eux qui prévient la Sainte Vierge qu’elle va porter le fils de Dieu et qui avertit des bergers de la naissance de Jésus. Ils ont donc un rôle d’annonciateur. Bien sûr, leur image fait référence à l’aviation anglaise qui a réussi à mettre en échec la Luftwaffe lors de la bataille d’Angleterre, ce qui peut être perçu comme un premier signe de la défaite de l’Allemagne nazie. Quant à la DCA, il s’agit de l’acronyme de « Défense Contre Avions », c’est-à-dire de l’organisation chargée de la défense antiaérienne du territoire français et qui, en 1940-1941, avait pour principale mission d’abattre les avions anglais. Enfin, la dernière phrase du texte fait référence aux rois mages et aux animaux présents dans l’étable : un âne et une vache. Dans la Bible, les rois mages sont des souverain qui, guidés par une étoile particulièrement lumineuse, sont venus de territoires lointains pour assister à la naissance de Jésus Christ et l’honorent de présents symboliques. Ce sont donc des visionnaires généreux, courageux, éloignés de leur patrie et qui suivent une intuition qui les dépasse. Ils peuvent sembler proche de l’image des résistants de la première heure ayant décidé de s’exiler pour résister (visionnaires eux aussi puisqu’ils sont les premiers à résister depuis l’extérieur ; généreux à leur manière puisqu’ils sont parfois prêts à donner leur vie pour leur combat ; éloigné de leur patrie puisqu’ils sont à Londres, à Alger ou partout ailleurs dans le monde ; et ils suivent bien une intuition, un sentiment, une idéologie qu’ils considèrent comme valant plus que les souffrances qu’ils n’en endurent). La « vache à Berlin » est une allusion moqueuse et explicite à Hitler, de même que l’ « âne [de] Rome » en est une à Mussolini. Ainsi, la contre-propagande de Résistance utilise la parodie pour critiquer les sujets liés à la guerre, que ce soit à propos de l’occupation du territoire, du rationnement ou des dirigeants politiques. Mais c’est aussi un moyen d’informer la population sur la situation militaire (ici : la Royal Air Force a entrepris des actions sur le territoire français) mais aussi de rappeler que certains résistent depuis l’étranger. Les quelques lignes du texte sont donc lourdes de sens et on peut constater la qualité du travail du comité de rédaction du journal, largement constitué d’écrivains (voir le paragrahe sur le groupe des Ecrivains dans la publication sur le secteur Vildé)

 

A quoi ressemblait le journal Résistance ?

De quoi y était-il question ?


 

Une analyse détaillée:

le premier numéro


(la copie d'un exemplaire est jointe dans l'annexe à la fin de la page)


Le premier numéro du journal est composé de six pages, soit deux de plus que les suivants. Le contenu de cinq d’entre elles est élaboré par le groupe des Ecrivains. L’autre page est réservée au groupe du Musée de l’Homme (Boris Vildé, Anatole Lewitsky et Yvonne Oddon en sont les principaux membres), qui fournit aussi le papier et le matériel nécessaire à l’impression. Ainsi, c’est Boris Vildé qui rédige l’éditorial du premier numéro, puis, pour les suivants, c’est Anatole Lewitsky, qui maîtrise mieux la forme écrite du français.


C’est Boris Vildé rédige le premier éditorial du journal clandestin anti-allemand Résistance. La plaque commémorative en est une citation. On y voit l’aspect profondément humain de la résistance puisqu’il y est fait allusion au « coeur ». En citant ce symbole de l’humain et de sa sensibilité, Boris Vildé envoie un messsage fort : l’engagement dans la Résistance est le signe du refus de la brutalité et de celui de perdre ce qui nous est cher ; Résister, c’est affirmer son humanité. La suite de l’éditorial se fait plus pragmatique : "Résister, c’est déjà garder son cœur et son cerveau. Mais c’est surtout agir, faire quelque chose qui se traduise en faits positifs, en actes raisonnés et utiles". Malgré l’aspect universel de ces deux phrases créé par le présent itératif, c’est bien la définition de la résistance telle que le réseau du musée de l’Homme et Boris Vildé tout particulièrement l’entendent et telle qu’ils veulent la mener que cet éditorial montre. L’éditorial continue ensuite par un appel à la résistance et informe de potentiels futurs membres de l’existence d’un réseau en région parisienne.

S’ensuivent des informations sur la guerre en Grèce et en Libye, sur les colonies françaises, des nouvelles sur les membres du gouvernement ou encore sur la France Libre. L’ironie est beaucoup présente. Ainsi peut-on lire : « Quant aux Grecs, la presse fasciste les traite de barbares : ils chargent l’ennemi à la baïonnette ! » ou encore, dans une devinette : « Le pays qui aura l’Italie pour allié sera vaincu (Général von Blomberg) ». La troisième page est centrée sur l’action du régime de Vichy, notamment à l’occasion du transfert des centres de l’Aiglon aux Invalides. On peut être surpris par le portrait de Pétain, qui semble correspondre à celle de « bouclier » développée par R.Aron. L’humour est toujours présent, sarcastique : il est question de « l’ambassadeur de France à Paris » (qui, aussi saugrenue que l’idée puisse paraître aujourd’hui, n’en demeure pas moins une réalité). La quatrième page relate des informations sur les nouvelles mesures prises par les autorités, des anecdotes sur la presse collaboratrice mais aussi les indemnités en nature que la France a versées à l’Allemagne. Le titre du paragraphe traitant de ce sujet est une référence aux célèbres mots de Sully (surintendant d’Henry IV) et critiquent directement le pillage économique qui profite aux territoires d’outre-Rhin: « pâturage et labourage sont les deux mamelles de l’Allemagne ». Enfin, la cinquième et dernière page (les autre numéros de Résistance n’en comportent que quatre) se moque de Goebbels (qui s’occupe de la communication du régime nazi) et transmet un message de la France libre qui appelle les Français à rester chez eux le 1er janvier de 14h à 15h. Finalement, on cite la Marseillaise, hymne national depuis 1879, chant de ralliement des républicains depuis la période révolutionnaire.

Le premier numéro du journal Résistance est donc principalement informatif mais il cherche aussi à recruter de nouveaux membres pour le réseau et à stimuler le déviance par rapport aux autorités et tant de la zone occupée que de la zone libre. De manière plus générale, on trouve dans les cinq numéros de Résistance des appels à résister, des conseils pour le faire, des informations diverses sur les évènements censurés par les autorités, des discours de W.Churchill ou de F.D.Roosevelt, ou encore des touches d’humour moqueur mais pleines de sens comme nous l’avons vu avec l’étude de la parodie.


 

Les autres numéros de Résistance


Le deuxième numéro paraît le 30 décembre 1940. Il commence par un appel à la discipline et au respect du chef et des ordres au sein de la Résistance. En effet, le Réseau du Musée de l’Homme considère que ce sont là des conditions absolument nécessaire à efficacité de leur action.

Les deuxièmes et troisièmes pages sont principalement consacrées aux nouvelles de ceux qui continuent à se battre, que ce soit l’Angleterre (raids de la R.A.F, moral des Anglais, évolution des relations diplomatiques avec les Etats-Unis), la Grèce (victoires sur l’armée italienne, aide américaine) ou la France Libre, ainsi qu’aux mouvements diplomatiques de plusieurs pays. Résistance se veut optimiste, souligne les faits les plus positifs, et on peut y lire qu’ « il n’y a pas un seul de ces éléments qui n’offre une raison de confiance et d’espoir ». Enfin, la troisième page se centre sur la France, et particulièrement le sort de L’Alsace-Lorraine et de ses habitants. Y est ainsi retranscrite une partie du discours du maréchal Pétain à propos de leur exil :

Le numéro se termine par le premier couplet de la Marseillaise.

Le troisième numéro date du 31 janvier 1941. L’éditorial commence par le détournement d’une citation du maréchal Pétain qui appelle les Français à « avoir confiance ». Oui, selon le journal du réseau du musée de l’Homme, il faut avoir confiance, mais en la Résistance, en la France Libre et en les Alliés (c’est-à-dire en le Royaume-Uni). La deuxième page est occupée presque exclusivement par une lettre de protestation du gouvernement pétainiste vis-à-vis de la déportation de plusieurs milliers de Lorrains. S’ensuit un long extrait d’un discours du Président américain F.D.Roosevelt sur les conséquences terribles d’une victoire de l’Axe sur la démocratie, la paix et sur les Etats-Unis. Roosevelt nouvellement ré-élu entend ainsi convaincre la population Etats-Unienne de la nécessité d’augmenter la production d’armes et, plus globalement, de soutenir les opposants à l’Allemagne, à l’Italie et au Japon. Il y est aussi affirmé la confiance de Roosevelt en la victoire des Alliés.

La cinquième page traite de l’opinion américaine (tant des soutiens de Roosevelt que des opposants à son positionnement), de la loi prêt bail en cours de discussion (elle permet aux Alliés de disposer de matériel de guerre américain et étend les pouvoirs de Roosevelt) . Enfin, il est question de la mort de l’illustre philosophe français Henri Bergson (Résistance en profite pour fustiger l’antisémitisme nazi), de plusieurs citations de journaux résistants et de la parodie religieuse de Noël précédemment étudiée.

Le quatrième numéro commence par l'éditorial qui appelle lui aussi à résister, ce qui est le seul moyen de ne pas servir l’Allemagne. S’ensuivent des nouvelles de la diplomatie anglaise et soviétique sont données, de même que sur la campagne d’Albanie. La troisième et dernière page contient uniquement des citations de d’individus ou de journaux collaborateurs assortis de commentaires acérés. Cet exemplaire est le plus court, le verso de la troisième page n’étant pas rempli.

Le cinquième numéro ne nous est pas parvenu, aucun exemplaire en a été retrouvé. Nous savons simplement qu’il a été entièrement rédigé par Pierre Brossolette et publié en mars 1941, après que beaucoup des membres du réseau du musée de l’homme aient été arrêtés.



 

Bilan

Ce qui ressort surtout de l’analyse brève du contenu des quatre premiers numéros de Résistance est d’abord sa ferveur patriotique. Le nom « France » n’a de cesse d’être répété, souvent accompagné d’adjectifs mélioratifs et avec une forme de fierté assumée et l’envie de la reconstruire plus grande encore qu’elle a été jusqu’alors. On fait du patriotisme un motif d’engagement dans la Résistance, ou au moins, un argument pour ne pas collaborer, de premier plan. Le journal se veut aussi résolument optimiste. Les informations qui sont données, qu’elles traitent de l’évolution des combats, de la diplomatie ou des journaux clandestins semblent toutes prévoir la défaite de l’Axe (on se demande d’ailleurs si la sélection de l’information n’est pas aussi forte que celle opérée par les autorités d’Occupation). Le journal insiste plusieurs fois sur le fait que les Français doivent garder espoir, d’où l’importance de résister, de compliquer un peu plus la tâche des autorités et de favoriser celle des Alliés. On peut être surpris par une forme de soutiens qu’apporte le journal au maréchal Pétain. Mais, au début de la période d’Occupation du territoire, ce dernier bénéficie d’une aura certaine, y compris auprès des résistants, dans la mesure où il est considéré comme un homme sage et un fin stratège et que sa politique est sensée protéger un maximum de Français du nazisme.

Quant à la mise en page, elle est relativement simple, composée uniquement de paragraphes dont le titre est centré et souligné. Ce formatage, de même que le faible nombre de page (de 3 à 6) facilite la reproduction individuelle du journal, qui était un moyen d’augmenter sa diffusion.

Le comité de rédaction du journal se plaint, notamment dans le troisième numéro, des contraintes matérielles qui limitent le journal à un nombre relativement restreint de page, ce qui ne permet pas de partager toutes les informations dont elle dispose. L’irrégularité du nombre de pages et l’absence de continuité dans l’organisation des informations peut être perçue comme signe d’un certain amateurisme mais elle reflète surtout les contraintes et la précarité du réseau, et plus particulièrement du groupe des Écrivains (difficultés pour trouver des informations, arrestations des membres du réseau…).

 

L’impact du journal


Grâce aux mots de Claude Bellanger, résistant de la première heure à Paris, nous pouvons nous rendre compte de l’impact du journal sur ces lecteurs. En effet, il évoque la première livraison de Résistance ainsi :


« RÉSISTANCE… Ceux qui voient, dans ce triste mois de décembre 1940, en lettres pâles à peine détachées par le tirage médiocre d’un stencil, ce mot merveilleux surgi de l’ombre en ont les larmes aux yeux. Il ne s’agit que de deux pages multitraitements recto et verso, de quatre pages d’un texte aussitôt lu, avidement, et relu en pleurant. »


Ainsi, bien que modeste, la vue du premier numéro de Résistance émeut les parisiens aux larmes. Ce phénomène est probablement dû au fait que la situation de l’hiver 1940 peut sembler désespérée pour ceux qui ne supportent pas la défaite de la France et, dans un tel contexte, savoir qu’un réseau de résistance assez organisé et assez fort pour réussir à imprimer un journal est un sursaut d’espoir. C’est aussi le sous-titre, « Bulletin officiel du Comité national de salut public » qui peut paraître rassurant, rappelant que tous n’ont pas oublié l’importance de la rébellion et des valeurs humaines, à l’image des révolutionnaires. Le journal est plein d’entrain, signe d’un réseau courageux, presque « orgueilleux » comme l’écrit Claude Bellanger, mais « magique », sans aucun doute.

Au-delà de l’impact sur la population, Résistance est l’un des premiers journaux clandestins de la Seconde Guerre mondiale en France. Le journal ne bénéficie pas du soutiens logistique et financier d’anciens partis politiques (contrairement à L’Humanité de l’ancien Parti Communiste par exemple) ; il est le seul fruit du travail et du courage d’individus motivés et maniant particulièrement bien la langue française. Il ouvre la voie à plus de 1000 autres titres au tirage plus ou moins important comme Défense de la France de Philippe Viannay, le plus diffusé de tous, dont les premiers exemplaires sont tirés dans les caves de la Sorbonne en juillet 1941. Le journal permet aussi de donner ses lettres de noblesse au réseau, il lui donne de la visibilité et lui permet d’être mieux connu et reconnu dans le milieu de la Résistance. L’historien militaire américain Martin Blumenson va même jusqu’à affirmer, à propos du titre du journal : « ce fut la première fois que le mot Résistance fut utilisé dans le sens qu’il n’allait pas tarder à prendre pour désigner l’ensemble [des oppositions au] nouvel ordre ». Finalement, le journal du réseau du Musée de l’Homme montre comment le pouvoir des mots est mis au service de la Résistance dès 1940. Il montre aussi que cette dernière n’est pas qu’une histoire de gros bras !



 

Annexe: le premier numéro de Résistance


 

Sources

Citation de Claude Bellanger extraite de Presse clandestine (1941-1944), cité dans https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2011-2-page-51.htm#no40


Sur la parodie de textes religieux : Jeux littéraires et chants des maquis de Bruno Leroux (https://books.openedition.org/pur/110918 ).


Du côté du musée de l'Homme : nouvelles approches de la Résistance pionnière en zone occupée de Julien Blanc : https://gallica.bnf.fr/html/und/presse-et-revues/musee-de-lhomme?mode=desktop

Soldiers of the Night: The Story of the French Resistance de David Schoenbrun

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